Eschatôn, d’Alex Nikolavitch

eschaton

Eschatôn, d’Alex Nikolavitch, Les Moutons électriques, 2016, 272 pages.

L’histoire

La grande armée de Foi avait déployé deux légions de diacres pour en finir avec un monde maudit, siège d’une très ancienne et très abominable Puissance qu’il était grand temps de faire périr par le feu, comme l’ordonnait le Saint Catéchisme.
Quand Wangen se réveille de sa transe de combat, de la boue jusqu’à la taille, il découvre avec horreur que ses pouvoirs guerriers l’ont abandonné. Lui et ses quelques camarades survivants doivent échapper à la jungle et à l’ennemi qui y rôde. Mais un autre ennemi se profile alors, infiniment plus redoutable et retors. Une science que l’on croyait oubliée depuis des générations sans nombre. Celle-là même qui une fois déjà avait condamné tout un univers…

Note : 5/5

Mon humble avis

Si j’apprécie beaucoup les œuvres de science-fiction et fantasy que je découvre au cinéma, en séries télévisées ou même en comics, je reste une grande débutante et ma culture en romans SFF reste très pauvre, et ce d’autant plus concernant les classiques des deux genres… Comme il n’est jamais trop tard pour y remédier (et suivre l’une de mes perspectives 2017…), je prends des notes quand je tombe sur de superbes chroniques ou recommandations, et je profite d’occasions telles que Livres Paris, où j’avais acheté Eschatôn. Si j’avais pu lire quelques chroniques, je ne savais pas ce que j’en penserai, puisque les avis venaient tous de chevronnés de la SFF.

Eh bien chers amis novices en science-fiction et fantasy, n’ayez crainte, Eschatôn est tout à fait abordable, sans être simpliste et rempli de lieux communs ou clichés. On découvre un futur si éloigné de notre présent, par le temps et par les manières de vivre, que les personnages n’ont guère de connaissance sur les passés de leurs mondes ; et pour cause, le savoir est une denrée distribuée avec parcimonie et à des personnes choisies… C’est un détail, mais que j’ai beaucoup apprécié : quand l’un des personnages se renseigne sur les scientifiques des temps passés, et alors que écrits et les langues ont tellement bougés, il s’agit de comprendre de qui on parle. Un peu comme des easter eggs : un certain Nioutonn’ aurait travaillé sur la gravité, par exemple… Ce qui me fait penser, je suis certaine d’avoir raté tout un tas de références, mais je ne doute pas qu’elles sont semées un peu partout dans le livre, de façon plus ou moins explicite.

L’auteur ne nous prend pas par la main avec une introduction toute en douceur et une explication sur le monde (ou plutôt les mondes) dans lesquels l’histoire se déroule ; on entre in medias res dans l’intrigue, et c’est au lecteur de remettre les pièces en place, petit à petit, jusqu’à ce qu’on puisse avoir une idée plus globale du fonctionnement de cet univers. Tout est très bien amené et il suffit d’être attentif au texte pour ne pas être perdu, même si certains éléments surprennent au début, notamment des expressions telles que « des mains de mains ». Car oui, si la connaissance est réservée à une élite, certaines disciplines sont complètement bannies, dont les calculs, les chiffres, et les « eqwatio ». Cela a dû demander une véritable gymnastique de l’esprit pour l’auteur puisque les personnages ont donc leur propre système de contage, avec « des mains de mains » ou des « vies d’homme » pour la durée par exemple.

Toutes ces interdictions émanent d’une même entité, le Saint Catéchisme qui doit être respecté par tous, au risque d’être banni ou châtié. L’auteur présente donc bien une critique des religions organisées, de leur hiérarchie et du danger qu’elles peuvent représenter. En effet, les « simples » citoyens ne semblent être que des pantins au main de la Foi, et ce littéralement : les soldats entrent en transe avant les combats et sont commandés, manipulés par leur supérieur…

Le plus intéressant dans ce roman est le fait qu’on découvre tout cet univers via les personnages, leurs actions et leurs pensées. Pas de bourrage de crâne en vue ou de longues descriptions, on en apprend plus sur les personnages au fur et à mesure, et c’est au rythme de leurs propres découvertes qu’on comprend leur univers. Les personnages sont assez divers, ce qui nous permet d’avoir parfois des points de vues tout à fait opposés, et nous devons nous-mêmes décider du partie que nous voulons prendre. En revanche, dans cette immensité de mondes et de planètes, Alex Nikolavitch nous rappelle que l’existence de l’humain est bien infime, que de toutes façons, une vie d’Homme n’est rien en comparaison de la durée de l’univers… Du coup, je ne sais pas si c’est lié ou si c’était voulu de la part de l’auteur, mais j’ai trouvé très peu de personnages attachants. Sans qu’ils soient détestables, la majorité est finalement froide, docile ou instable. Cela signifie aussi qu’on n’a pas de personnages parfaits et irréalistes, ce qui est toujours appréciable…

Eschatôn pose également la question de la « première rencontre » entre les humains et des créatures autres ; qu’elles soient extra-terrestres ou d’un autre monde. Au final, il semble difficile de savoir qui a attaqué le premier, chacun pensant qu’il s’agit de l’autre, probablement à cause de la difficulté (voire impossibilité ?) à communiquer. Difficile donc de ne pas penser au film Premier contact (même s’il est sorti bien après l’écriture du roman) qui traite extensivement de cette problématique seulement évoquée dans le livre.

Pour conclure, ce fut une très bonne lecture, qui m’encourage encore plus à lire de la science-fiction et de la fantasy, et à découvrir plus d’œuvres d’Alex Nikolavitch (ce qui tombe bien, j’ai acheté L’île de Peter aux Intergalactiques)…

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